Vues d'intérieur
Chris Pellerin
Production : ACCAAN 2005
24 min.

Une tête de plâtre en forme vaguement humaine. Un pinceau arrive dans le cadre
et dessine un oeil, deux yeux.

Le poème filmé de Chris Pellerin commence ainsi. Pendant les 24 minutes qui suivent
nous voyons des oeuvres dessinées, peintes, grattées, esquissées. Commentées par trois voix,
enregistrées en son seul et en dialogue avec la réalisatrice.

La voix qui revient le plus fréquemment, une femme d'un certain âge, nous parle
de ses angoisses, de sa souffrance, mais aussi du bonheur de dessiner, du sens de la liberté
que lui donne le fait de peindre.

La bande son résulte de ces voix, et d'une musique improvisée par trois musiciens,
une chanteuse, un guitariste, un violoncelliste.

De temps à autre, d'étranges prises montrent une figure masquée, le visage énorme
et vide, balandant dans une rue déserte, ou dans une forêt devant un arbre anthropomorphisé.

L'ensemble est étrange, proche et beau, exprimant souffrance et lassitude, mais aussi de l'énergie
et un bonheur libéré.

Ce beau film nous place face à nos autres malades et nous donne à voir et à entendre
leur simple humanité.

Fondée sur une activité de recherche et de création, sans but thérapeutique explicite,
son énergie positive ne dépend que des allocations budgétaires du CHS de Caen, et
de l'honnêteté de la démarche d'une artiste.

Ce sont deux facteurs éphémères et aptes à disparaître ou à se déplacer.
Le film est le messager optimiste de leur existence passagère.

vu au festival "Traces de vie", novembre 2005
MH